Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/49

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rêt. C’est alors que je me déterminai à mettre en vers d’anciens lais que j’avais entendu raconter. Je savais, à n’en pouvoir douter, que nos aïeux les avaient écrits ou composés pour garder le souvenir des aventures qui s’étaient passées de leur temps. J’en ai entendu réciter plusieurs que je ne veux pas laisser perdre ; c’est pour cela que j’ai entrepris de les mettre en vers, travail qui m’a coûté bien des veilles.

C’est par vos ordres, noble prince[1], si preux et si courtois, vous qui possédez toutes les qualités du cœur et de l’esprit, que j’ai rassemblé les lais que j’ai traités. Aussi la reconnaissance me fait-elle un devoir de vous en faire l’hommage ; je n’éprouverai jamais de plaisir plus grand, si vous daignez l’accepter, et ne perdrai jamais le souvenir de cette faveur. Veuillez ne pas m’accuser de présomption si j’ose vous offrir mon travail, et daignez en écouter le commencement.




SAINTE DES PREZ.


Sainte des Prez, élève d’Agnès de Bragelongne de Plancy, avait donné son cœur à Seymours, gentilhomme anglais. Elle fut vivement recherchée par Guillebert d’Erneville, trouvère renommé ; mais elle refusa de l’épouser. Guillebert venait de lui déclarer son amour quand elle adressa à Seymours les stances suivantes :

  1. Henri III, roi d’Angleterre.