Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/100

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cette considération, autant que les rigueurs de la belle, l’avoient fort rebuté et l’avoient fort engagé au dessein d’aimer la comtesse ; mais il n’avoit pas pour celle-ci toute l’inclination qu’elle

    (Sévigné, 1 juin 1684). En secondes noces, le duc épouse Anne-Marguerite d’Acigné (morte en 1698). Madame de Caylus a peint leur ménage, leur train, leur hôtel, leur salon littéraire, à la façon de la chambre bleue. Madame de Maintenon les aimoit. Saint-Simon (t. 1, p. 164) confirme ce que madame de Caylus a dit. Le duc étoit « l’ami intime et de tous les temps » de madame de Maintenon. Seul, il la voyoit à toutes heures. On s’emparoit facilement de l’esprit de cet homme, et cela explique ses mariages. Veuf une seconde fois, il épousa le 20 mars 1702, à soixante-treize ans, Marguerite-Thérèse Rouillé, veuve du marquis de Noailles, ce qui fait écrire à madame de Coulanges (lettre du 4 avril) : « J’ai si peu de commerce avec M. de Richelieu que je ne l’ai point vu depuis son mariage. Si on le voyoit toutes les fois qu’il se marie, on passeroit sa vie avec lui : il est trop jeune pour moi. »

    Pour le marquis, en 1652, « il est bien fait, jeune, plein d’esprit et de courage. Son frère aîné n’a point d’enfants et est fort malsain. » (Montp., t. 2, p. 373.)

    Son mariage avec mademoiselle de Beauvais, ajoute Mademoiselle, « surprit tout le monde. Quoique cette fille soit jolie et aimable, elle n’est pas assez belle pour faire passer pardessus mille considérations qu’il devoit avoir. Aussi, dès le lendemain, madame d’Aiguillon l’enleva et l’envoya en Italie pour voir s’il persévéreroit à l’aimer. Au bout de quelque temps il revint, et l’a toujours fort aimée. Elle disoit dans sa douleur : « Mes neveux vont toujours de pis en pis ; « j’espère que le troisième épousera la fille du bourreau ! » Il est vrai qu’elle avoit sujet de se plaindre ; mais madame de Beauvais ne lui avoit nulle obligation et n’étoit point obligée de négliger son bien à ses dépens, comme étoit madame de Pons, fille de madame du Vigean, dont la mère est comme la femme de charge de sa maison. »

    Une autre Beauvais, Uranie de la Cropte de Beauvais, fille de François-Paul de Beauvais, maréchal de camp, écuyer de Condé, fut courtisée par le roi, refusa l’honneur qu’il lui vouloit faire, et le céda à mademoiselle de Fontanges. Elle aimoit