Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et rien ne le peut radoucir pour moi qu’un billet de votre part. — Moi, écrire au comte de Guiche ! reprit la comtesse ; vous êtes fort plaisant de me proposer cela ! — Quoique nous soyons brouillés, Madame, répondit Manicamp, je ne sçaurois m’empêcher de vous dire encore qu’il mérite bien cette grâce ; ne le regardez pas en ce rencontre, donnez ce billet à l’amitié que vous avez pour moi, et je vous promets, quand il aura fait son effet, que je vous le remettrai entre les mains. La comtesse, lui ayant fait donner sa parole que le lendemain il lui rapporteroit son billet, écrivit ainsi :

BILLET.

Je ne vous écris que pour vous demander la grâce de ce pauvre Manicamp. Il faut pourtant vous en dire davantage pour vous obliger de me l’accorder : croyez ce qu’il vous dira de ma part ; il est assez de mes amis pour faire que je ne lui refuse rien de tout ce qui lui peut être utile.


Le comte de Guiche, ayant reçu ce billet, le trouva trop doux pour le rendre ; il crut qu’il

    pages, un article de revue bien limé, qui seroit de mise. Madame Cornuel mérite plus encore. Rien n’a égalé, au XVIIe siècle, le naturel, l’abondance, le sel, le mordant, le goût de ses bons mots. Entre toutes les causeuses de France elle a tenu sans conteste le premier rang. Celles-là même qui, au dessous d’elle, avoient de la réputation, reconnoissoient sa supériorité. Notez qu’elle n’a rien écrit, qu’aucun des traits de son esprit vivant n’est compromis par là, et n’oubliez pas que nous ne connoissons guère qu’une centaine de ces mots si vifs, si fins, si perçants, qu’admiroient les contemporains et qu’ils redoutoient. De si loin on a quelque peine à en sentir profondément