bien qu’ils vous estiment plus que vous ne faites.—Ah ! Madame, reprit le duc de Nemours, il ne tient qu’à vous que je ne passe pour être le plus honnête homme de France. » À peine eut-il achevé ces mots, que la comtesse de Maure[1] entra
- ↑ Anne Doni, fille d’Octavien Doni, baron d’Attichy, et de Valence de Marillac, morte en 1663.
« Elle passoit, quand elle estoit fille, pour la plus desreiglée personne du monde en fait de repas et de visites, mais ce n’estoit rien au prix de ce que c’est à cette heure, car elle a trouvé un homme qui lui dame bien le pion. Il fait tout le contraire des autres. »
« Avec soixante mille livres de rente, et pas un enfant, ils n’ont jamais un quart d’escu. » (Tallem. des R., t. 3, p. 160.)
Son mari étoit Louis de Rochechouart, comte de Maure, frère du duc de Mortemart.
« Le désordre de ses affaires, dit Tallemant, autant que le bien public, l’engagea dans le party de Paris. » Condé s’en moqua beaucoup d’abord. On connoît les beaux triolets :
- Buffle à manches de velours noir
- Porte le grand comte de Maure,
qui sont de Bachaumont et de Condé lui-même.
Mademoiselle d’Attichy, fille d’honneur de la reine-mère, n’avoit permis à personne de lui conter fleurette (Tallem., t. 2, p. 316).
Bautru lui disoit : « Vous n’êtes pas mal fine avec vostre sévérité. Vous avez si bien fait que vous pourrez, quand vous voudrez, vous divertir deux ans sans qu’on vous soupçonne. »
La Mesnardière (p. 437, édit. in-4 de 1656) atteste son esprit en un style fort alambiqué. C’est un triste poète lyrique que M. de La Mesnardière.
- Attichy, dont l’esprit est brillant et solide,
- Aime les chants du chœur qui sur Pinde réside,
- Et veut que l’air facile et la sublimité
- Y marquent la Naissance et la Capacité.
D’après un bon juge, madame de Motteville (t. 3, p. 249 ; 1649), madame la comtesse de Maure, « nièce du maréchal de Marillac, étoit une dame dont la beauté avoit fait autrefois beaucoup de bruit. Elle avoit une vertu éclatante et sans