Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/238

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Mais laissons là Vineuil pour quelque temps, et revenons au duc de Nemours.

La jalousie le transportoit tellement, qu’un jour, ayant trouvé chez madame de Châtillon monsieur le Prince parlant tout bas avec elle, il s’écorcha toutes les mains sans s’apercevoir de

    Est-ce une Moy ? Les Moy sont une grande maison de Picardie qui remonte haut.

    Expilly (t. 4, p. 936) cite Mouy ou Mouhy, ville du Beauvoisis, avec titre de comté, et Mouy, dans le diocèse de Laon. [Pour cette note et la suivante, voy. p. 207.]

    C’est la cadette de madame de la Suze, dont on a publié les Poésies (de Sercy, 1669, in-12). Toutes les deux sont filles du maréchal de Châtillon ; toutes les deux furent précieuses en leur temps. L’aînée s’appeloit Henriette, l’autre s’appeloit Anne. Celle-ci, que Vineuil aima (Tallem., t. 4, p. 231), nous l’avons dit, épousa en 1648 George de Wirtemberg, comte de Montbéliard, mort le 3 janvier 1680.

    Elle n’étoit pas si belle que sa sœur, mais elle avoit du tempérament. Vineuil l’eut qu’elle étoit fille. Un Boccace les voit, les menace ; elle le prévient et l’accuse, lui, de l’avoir sollicitée. Le maréchal agite son épée, et Boccace garde dès lors le silence.

    Tallemant dit : « Ce fou de Wirtemberg ». Madame de La Roche-Guyon avoit failli l’épouser. Mademoiselle retrouve en 1674 (t. 4, p. 363) « le prince de Montbelliard de Wirtemberg. Je l’avois vu autrefois à Paris, lorsqu’il avoit épousé mademoiselle de Châtillon, fille du maréchal. Il me parut affreux, habillé comme un maître d’école de village. »

    Les princes allemands n’ont pas de goût pour les panaches.

    Il y avoit à la cour une autre madame de Wurtemberg, dont voici en deux mots l’histoire : La fille du prince de Barbançon (un joli nom !) devient veuve. Le prince Ulric de Wurtemberg, ancien lieutenant de Condé en 1652, qui avoit un régiment allemand dans les troupes d’Espagne, en devient amoureux, se fait catholique, l’épouse, la quitte, abjure. Sa femme accourt à Paris. La reine la pensionne, la duchesse d’Orléans (de Lorraine) la loge auprès d’elle au Luxembourg.

    Je voulois tirer au clair la généalogie des Wurtemberg. Moréri m’embrouille.