Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/240

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si le prince avoit voulu prendre toutes les précautions nécessaires pour empêcher le duc de Nemours de se battre, il ne se seroit point battu. Une chose encore qui fit bien voir qu’il y avoit dans le cœur du prince plus de gloire que d’amour, c’est qu’un moment après la mort de son rival il n’aima presque plus madame de Châtillon, et se contenta de garder des mesures de bienséance avec elle pour s’en servir dans les rencontres qu’il jugeoit à propos.

Et en effet, dans ce temps-là, le cardinal, croyant qu’elle gouvernoit le prince, lui envoya le grand prévôt de France[1] lui offrir de sa part cent mille écus comptant et la charge de surintendante de la maison de la reine future, au cas

  1. « Jean du Bouchet, marquis de Sourches (comte de Montsoreau), seigneur de Launay, etc., prévôt de l’hôtel du roi et grande prévôté de France, mourut le 1 février 1677. Il avoit épousé en 1632 Marie Nevelet, de laquelle il eut Dominique du Bouchet, mort à huit ans, le 24 novembre 1643, et Louis-François du Bouchet, marquis de Sourches, marié à Marie-Geneviève de Chambes, comtesse de Montsoreau, fille de Bernard, comte de Montsoreau. » (Hist. généal. et chronol. de la maison royale de France, par le P. Anselme, troisième édit., 1733, t. 9, p. 182, 197 et 198.)

    Louis-François du Bouchet fut reçu, en survivance de son père, à la charge de prévôt de l’hôtel et grande prévôté, le 15 septembre 1649. Il mourut le 4 mars 1716. M. Adhelm Bernier a publié en 1836 ses intéressants Mémoires.

    Il ne faut pas le confondre avec de Souches, capitaine des gardes suisses de Gaston (Retz, p. 242).

    Les de Sourches furent nombreux sous Louis XIV ; ils étoient grands, blêmes, tristes. On ne les aimoit pas beaucoup. Le louvetier d’Heudicourt fit contre eux, en 1688, une chanson dont Saint-Simon (t. 5) a raconté l’effet sur Louis XIV et sur tout le monde. Elle obtint le plus grand succès d’hilarité. On la trouve dans le Nouveau Siècle de Louis XIV (de M. G. Brunet, p. 117). Quoiqu’elle ait perdu son charme