Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/258

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se voulut excuser sur ses intentions, qui avoient été bonnes ; et, comme il vit qu’elle ne s’apaisoit pour quoi que ce soit qu’il lui dît, il se fâcha aussi de son côté, et madame de Châtillon, craignant, en le perdant, de perdre un protecteur et un amant, le radoucit et le pria de considérer une autre fois qu’il falloit dissimuler les injures avec des gens comme Cambiac, ou qu’il falloit les perdre.

Dans le temps que Digby commença à devenir amoureux de madame de Châtillon, le milord Craf, qui, dans le temps des désordres d’Angleterre, avoit suivi Charles en France, avoit loué une maison dans le voisinnage de Marlou, et l’oisiveté, la commodité et la manière insinuante de madame de Châtillon avoient fait naître de l’amour dans le cœur du milord ; mais, comme il étoit plus doux que le comte, sa passion n’avoit pas fait tant de chemin que celle du comte.

Les choses étoient en ces termes lorsque l’abbé Foucquet[1], voyant que ses affaires n’avançoient

  1. Ouvrez nos bons recueils, la Biographie universelle d’abord : où est l’article de l’abbé Fouquet ? Voilà Fouquet son frère ; mais lui-même, où est-il ? Et demandez à bien des gens s’ils le connoissent, on répond : « Fouquet ? eh ! oui, le surintendant, les nymphes de Vaux, le procès fameux ; nous ne connaissons que cela :
    Jamais surintendant, etc.,

    Ou encore :

    ….. Oronte est malheureux.

    —Très bien ; mais ce n’est pas cela l’abbé Fouquet.—Ma foi, qui étoit-ce ? » C’étoit un homme avec qui nul ne plaisantoit ; c’étoit le chef de la famille, le conseil d’abord, le patron, le soutien de son frère Nicolas ; c’étoit le bras droit