Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/259

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pas auprès de madame de Châtillon, se servit de ce stratagème ici pour les hâter : il avoit appris que Ricoux, beau-frère d’une des demoiselles de madame de Châtillon, étoit caché

    de Mazarin, c’étoit le ministre lui-même, l’homme puissant, le roi de France ; et cela n’a pas duré qu’un jour. J’adjure les biographies de ne plus passer son nom sous silence. Bussy les instruira si elles ne savent que dire.

    Déjà nous en avons parlé incidemment dans quelques notes (page 65, par exemple) ; Mademoiselle elle-même atteste son pouvoir et la terreur de son nom.

    Basile Fouquet, abbé de Barbeaux et de Rigny, disparut de la scène avec son frère ; il mourut silencieusement en 1683. Il avoit commencé avec éclat.

    Il s’attaque à Retz. Guy Joly et Retz lui-même racontent comment il se chargea, si on le vouloit, d’enlever, d’assassiner, de saler le coadjuteur. Pour un homme d’Église, cela est bien oriental. On nourrissoit publiquement (Retz, p. 481) chez la portière de l’archevêché ses deux bâtards, ou plutôt deux de ses bâtards.

    Il avoit aidé Vardes à se marier (Montp., t. 3, p. 76). Le président de Champlâtreux travailloit à empêcher le mariage ; l’abbé Fouquet et Candale envoient des troupes chez lui et le mettent aux arrêts. On poussa des cris dans la famille, mais le mariage eut lieu. Et de trois. « Il entretenoit à ses dépens cinquante ou soixante personnes, la plupart gens de sac et de corde, qui lui servoient d’espions et le faisoient craindre. » (Gourville, p. 524).

    Nous allons le voir casser tout chez madame de Châtillon. Mademoiselle de Montpensier atteste la vérité de cette scène extraordinaire (t. 3, p. 296) et s’indigne contre tant d’audace. Elle nomme le chef de ses braves (t. 3, p. 416) Biscara, officier des gardes de Mazarin. Que faire contre un tel homme ? Un jour le gardien de la Bastille témoignoit son étonnement à la vue d’un lévrier qui se trouvoit dans la cour, et demandoit pourquoi il étoit là. « C’est, lui répondit un prisonnier, parcequ’il aura mordu le chien de l’abbé Fouquet. »

    Fouquet lui-même, le surintendant, craignoit bien son frère ; il écrivit dans ses instructions secrètes : « Si j’estois mis en prison et que mon frère l’abbé, qui s’est divisé dans les derniers temps d’avec moi mal à propos, n’y fust pas et qu’on le