Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/337

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que tête à tête avec toutes les femmes, se trouveroit plutôt avec celle-ci au milieu de sa famille. Quelquefois elle refuse hautement une partie de promenade publique pour s’établir à l’égard du monde dans une opinion de grande régularité, et quelque temps après, croyant marcher à couvert sur les refus qu’elle aura fait éclater, elle fera quatre ou cinq parties de promenades particulières. Elle aime naturellement les plaisirs ; deux choses l’obligèrent quelquefois de s’en priver : la politique et l’inégalité ; et c’est par l’une ou par l’autre de ces raisons-là que bien souvent elle va au sermon le lendemain d’une assemblée. Avec quelques façons qu’elle donne de temps en temps au public, elle croit préoccuper tout le monde, et s’imagine qu’en faisant un peu de bien et un peu de mal, tout ce que l’on pourroit dire, c’est que, l’un portant l’autre, elle est honnête femme. Les flatteurs dont sa petite cour est pleine lui en parlent bien d’autre manière ; ils ne manquent jamais de lui dire qu’on ne sçauroit mieux accorder qu’elle fait la sagesse avec le monde et le plaisir avec la vertu. Pour avoir de l’esprit et de la qualité, elle se laisse un peu trop éblouir aux grandeurs de la cour. Le jour que la reine lui aura parlé, et peut-être demandé seulement avec qui elle sera venue, elle sera transportée de joie, et long-temps après elle trouvera moyen d’apprendre à tous ceux desquels elle se voudra attirer le respect la manière obligeante avec laquelle la reine lui aura parlé. Un soir que le roi venoit de la faire danser, et s’étant remise à sa place, qui étoit auprès de moi : « Il faut avouer, me dit-elle, que le roi a de