Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/403

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Pour vous éclaircir promptement ;
Mais si vous n’osez pas librement vous écrire,
Jusqu’à votre retour il faut là tout laisser
Plutôt que de ne pas tout dire,
Et par là vous embarrasser.

Sçavoir si les amans se doivent laisser aller à leur douleur quand ils se disent adieu, ou s’ils ne se le doivent point dire, pour s’épargner des chagrins.

L’amour ne perd rien de ses droits ;
On lui doit aux adieux des soupirs et des larmes,
Et quand deux amans quelquefois
Se sont en se quittant déguisé leurs alarmes,
Ils tirent, en doublant leurs mortels déplaisirs,
Un tribut plus amer de pleurs et de soupirs.

Sçavoir si l’amant n’est pas obligé, comme la maîtresse, de lui garder son corps aussi bien que son cœur.

Je sçais fort bien que la débauche,
Tantôt à droit, tantôt à gauche,
Deshonore infailliblement
La maîtresse plus que l’amant ;
Cependant je tiens pour maxime
Qu’à tous deux, en amour, c’est un aussi grand crime,
Et que le commerce des sens
Où l’on n’a point d’engagemens
N’est pas moins contre la tendresse
De l’amant que de la maîtresse.