Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/431

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les y porter. La paix se fait, chacun s’embrasse. Enfin, ces peuples ne se sçauroient passer les uns des autres en façon du monde.

Dans le pays des Braques il y a plusieurs rivières. Les principales sont : la Carogne et la Coquette ; la Précieuse sépare les Braques de la Prudomagne[1]. La source de toutes ces rivières vient du pays des Cornutes. La plus grosse et la plus marchande est la Carogne, qui va se perdre avec les autres dans la mer de Cocuage ; les meilleures villes du pays sont sur cette rivière. Elle commence à porter bateau à

Guerchy[2], ville assez grande, bâtie à la moderne, à une demi-lieue du grand chemin ; mais la rivière, se jetant toute de ce côté-là, sape la terre en sorte que, dans peu, le grand chemin sera de passer à Guerchy. Il y a quelques années que c’étoit une ville de grand commerce. Elle trafiquoit

  1. Ici M. Bazin avoit adopté une leçon que je n’ai pas cru devoir préférer à l’imprimé.
  2. Mademoiselle de Guerchy, fille de la première comtesse de Fiesque, fut aimée de Châtillon, comme nous l’avons vu. C’est elle qui fut mortellement blessée d’une piqûre dans l’opération d’un avortement, et que Vitry, son amant, tua d’un coup de pistolet (1672). Elle étoit fille d’honneur de la reine-mère.

    Cette Petite Fronde est datée de 1656.

    Guerchy, tu ravis le monde ;
    Pons est celle qui te seconde ;
    Saint Maingrin passe les trente ans ;
    Ségur s’en va vieille et mourante ;
    Pour Neuillant, les moins médisants
    Disent qu’elle est rousse et méchante.

    Mademoiselle de Pons est celle que Guise aima et délaissa ; mademoiselle de Ségur étoit laide et sage ; mademoiselle de Neuillant devint la sévère madame de Navailles ; quant à