Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle est hors d’insulte, et on ne la sçauroit prendre que par les formes ; mais elle a pourtant été prise et ruinée, comme tout le monde sçait, ainsi que la manière dont elle fut traitée par un homme[1] à qui elle s’étoit rendue sous des conditions avantageuses ; et, voyant qu’il n’y avoit pas de foi parmi les gens d’épée, elle se jeta entre les bras de l’Église, et a pris son évêque pour gouverneur.

Près de là, entre la Coquette et la Carogne, est la ville d’

Étampes, ou Valançay[2], qui est fort ancienne et des plus grosses du pays. C’est une place fort sale et remplie de marais que l’on dit fort infectés par la nature du terroir, qui est putride. Tout y est en friche présentement. La ville étoit belle en apparence ; le peuple n’y étoit pas fort blanc, mais la demeure en a toujours été fort incommode à cause de son humeur, car il est fort inconstant, et surtout querelleux, malicieux et fantasque, avec lequel on n’a jamais pu prendre de mesures certaines. Il y a eu des gouverneurs sans nombre : on y aimoit fort le changement et la dépense. Celui qui l’a été le plus long-temps est un vieux satrape[3], homme illustre qui mourut dans le gouvernement. La ville en fait un deuil continuel, et, depuis ce temps, elle est demeurée déserte. On n’y va presque plus qu’en pèlerinage : aussi ne lui reste-t-il plus maintenant que de vieux vestiges, qui font remarquer que ç’a été autrefois une grosse ville.

  1. Roquelaure.
  2. Madame de Puisieux.
  3. Le garde des sceaux Châteauneuf.