Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/440

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Près de là vous avez

Saint-Germain-Beaupré[1]. C’est là que la Coquette se joint à la Carogne. C’est une ville fort agréable. Le premier gouverneur qu’elle eut étoit un homme du pays des Cornutes[2]. Il s’empara du gouvernement contre son gré, et s’en fit pourvoir en titre d’office. C’étoit un homme fort extraordinaire et tout à fait bizarre à sa façon d’agir. D’abord il voulut changer les plus anciennes coutumes de la ville, et inventoit toujours quelque chose ; entre autres, il déclara un jour qu’il ne vouloit plus entrer que par la fausse porte, et, pour moi, je crois que ce n’étoit pas sans fondement. Mais la ville, jugeant que si cela avoit lieu elle perdroit tous les droits affectés au passage de la grande porte, s’y opposa avec tant de vigueur qu’il ne put parvenir à son dessein. Il fut assez long-temps interdit de sa charge, et depuis même qu’il y a été remis tout s’est fait dans la ville par commission, le gouverneur ayant bâti un château qu’il habite souvent.

Près de là est

Grimaud[3], située au pied des montagnes et qui a donné le nom au Grimaudan. Elle est fort sale, à cause des torrens qui tombent de toutes parts dans la Carogne en cet endroit, ce qui rend cette rivière si trouble qu’on diroit que ce n’est pas la même qui est à deux lieues de là. Au milieu

  1. Sœur de la marquise d’Uxelles, belle-sœur du maréchal Foucault.
  2. Son mari.
  3. Femme peu aimable, dont Tallemant a parlé en passant.