délabrée, qui n’est fameuse que par la Carogne, qui passe au milieu. Le séjour en est désagréable, tant pour ce que les maisons y sont anciennes et mal faites que pour ce qu’il y règne une odeur si mauvaise que, quelque intérêt qu’on ait à y demeurer, on est contraint à la fin d’en sortir pour conserver sa santé. Le gouverneur étant un homme de peu de crédit, à qui on a donné le gouvernement par forme, sans l’intrigue des habitants et le commerce qu’ils font avec les Espagnols, cette ville manqueroit bientôt de subsistance.
À quatre lieues de cette ville vous en trouvez une autre bien différente ; elle est sur la Précieuse. C’est une ville fort considérable pour la beauté de ses édifices ; on l’appelle
Olonne. C’est un chemin fort passant. On y donne le couvert à tous ceux qui le demandent, à la charge d’autant. Il y faut bien payer de sa personne, ou payer de sa bourse.
Beauvais[1], sur la Carogne, est une petite ville dans un fond, où l’on ne voit le jour qu’à demi et dont les bâtimens sont très désagréables. Elle a eu néanmoins des gens de très grande condition pour gouverneurs, entre autres un commandeur de Malte, qui y a laissé une belle infanterie. On ne s’étonnera point que des gens de naissance et de mérite se soient arrêtés à un si méchant logis quand on sçaura que ç’a été le
- ↑ La mère, « la borgnesse ».
Ce ne peut être là, en 1654, le portrait de madame de Pienne, c’est-à-dire de la comtesse de Fiesque. Cependant on pourroit reconnoître le petit Guitaut dans le gouverneur.