Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/47

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avoit reçu de lui ; mais, voyant que cela tiroit à conséquence, il lui fit des reproches qui ne lui servirent de rien, et tout ce qu’il put obtenir fut qu’il ne seroit point chassé de chez elle, et qu’il pourroit venir jouer lorsqu’elle le manderoit.

Madame d’Olonne crut qu’en se laissant voir à Paget elle entretiendroit ses désirs, et que peut-être seroit-il encore assez fou pour les vouloir satisfaire, à quelque prix que ce fût ; cependant, il étoit assez amoureux pour ne se pouvoir empêcher de la voir, mais il ne l’étoit pas assez pour acheter tous les jours ses faveurs[1].

Les choses étant en ces termes, soit que le dépit eût fait parler Paget, soit que ses visites fréquentes et l’argent que jouoit madame d’Olonne eussent fait faire des réflexions au duc de Candale, il pria sa maîtresse, lorsqu’il partit pour la Catalogne[2], de ne plus voir Paget, de qui le commerce nuisoit à sa réputation. Elle le promit, et n’en fit rien ; de sorte que le duc, apprenant par ceux qui lui donnoient des nouvelles de Paris qu’il alloit plus souvent chez madame d’Olonne qu’il n’avoit jamais fait, lui écrivit cette lettre :


LETTRE.

En vous disant adieu, je vous priai, Madame, de ne plus voir ce coquin de Paget[3] ; cependant il ne bouge de chez vous. N’avez-vous point de honte de me mettre en état d’appréhender auprès de vous un m

  1. Surtout si cher que cela ! vingt mille francs par jour !
  2. (1656).
  3. Candale le prenoit de très haut avec tout ce qui n’étoit