Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/77

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elle fit toutes les avances. L’établissement de ce nouveau commerce ne lui fit pas rompre celui qu’elle avoit avec Beuvron ; le dernier amant étoit toujours le mieux aimé, mais il ne l’étoit pas assez pour chasser Beuvron, qui étoit un second mari pour elle.

Un peu devant la rupture de Jeannin avec madame d’Olonne, le chevalier de Grammont en étoit devenu amoureux, et, comme c’est une personne fort extraordinaire, il est à propos d’en faire la description.


Portrait du chevalier de Grammont[1].

Le chevalier avoit les yeux rians, le nez bien fait, la bouche belle, une fossette au menton, qui faisoit un agréable effet dans son visage, je ne sais quoi de fin dans la physionomie, la taille assez

  1. Grâce au ciel, l’histoire de celui-là a été couchée tout du long sur le papier ! Et quelle histoire ! quel historien ! Les Mémoires de Grammont sont restés un des chefs-d’œuvre du genre. Nous ne pouvons songer à en donner ici le résumé.

    Le chevalier de Grammont étoit frère du maréchal (de la Guiche puis) de Grammont et fils de la sœur du comte de Boutteville. Il avoit aimé bien du monde, mademoiselle de Rohan, d’abord, à propos de laquelle (Tallemant des Réaux, t. 3, p. 434) il appela en duel Chabot, qui l’épousa. Ce fut un duel pour rire. En 1643, le chevalier se faisoit appeler Andoins. Henri Arnauld, dans ses Lettres au président Barillon, citées par M. P. Paris, dit que ce fut à propos de madame de Pienne (plus tard de Fiesque) qu’il attaqua Chabot. Il s’appeloit Andoins parceque sa grand’mère, celle que connut Henri IV (vers 1580), s’appeloit Diane d’Andoins. Grammont s’attacha (1649, Motteville, t. 3, p. 415) à Condé, mais sans rien retrancher de ses liaisons changeantes.

    Dans mon Histoire des cartes à jouer (1854, in-16, L. Hachette et Cie), j’ai eu à peindre le joueur dans notre Philibert,