Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/10

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y affirmoit hardiment tous les dires des pamphlets ; il y croyoit ou feignoit d’y croire, et disoit : Je l’ai vu. Quel honneur ! Des autres, qui n’avoient pas quitté leur pays, ceux-ci, par esprit d’opposition, admettoient aveuglément comme vraies toutes ces turpitudes ; ceux-là, par un sentiment de respect, s’efforçoient de douter. Mais on voit ce qu’étoient alors ces pamphlets : une proie offerte à la malignité, une ample matière livrée aux discussions.

À un intervalle de deux cents ans, que sont maintenant pour nous ces ouvrages ? Osons le dire : ce sont de précieux documents historiques, et ceux même qui affectent de les mépriser les ont lus, et y ont appris, à leur insu peut-être, plus qu’ils ne veulent en convenir. Quelques érudits seuls, qui ont beaucoup lu et beaucoup retenu, ont pu glaner çà et là et réunir en gerbe les mêmes faits qu’on trouve ici rassemblés ; mais ceux-là sont rares, et sans ces pamphlets le lien de tous ces récits échapperoit à plusieurs, beaucoup n’auroient dans l’esprit que des traits épars et des lignes confuses : où seroit le tableau ? — Nulle part ailleurs on ne trouve réunis autant de détails vrais sur les relations du Roi avec La Vallière et ses autres maîtresses, de Madame avec le comte de Guiche, de Mademoiselle avec Lauzun, etc. — Je vais plus loin : si l’on excepte les pamphlets de la Fronde, qui n’ont jamais un mot blessant pour le Roi, où trouvera-t-on mieux qu’ici la preuve de ce prestige inouï qu’exerçoit la royauté ? Toutes les foiblesses du Roi sont racontées dans le plus grand détail, et, c’est une remarque fort caractéristique