Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/220

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elle être toujours particulière [1] et ne jamais faire de commerce avec la Cour ? Est-il possible que la Cour du monde la plus florissante n’ait rien qui vous puisse plaire ? On y voit des gens qui y viennent incessamment des quatre coins de la terre, pour voir la majesté et la magnificence du Louvre, et pour y admirer notre incomparable monarque avec toute sa maison royale, qui est sans doute la plus belle et la plus charmante qu’il y ait dans l’univers. Est-il possible, encore une fois, Mademoiselle, que tout cela, joint à la délicatesse des esprits, qui y sont sans nombre, n’ait pas de quoi attirer Votre Altesse Royale ? Il est vrai, Mademoiselle, que Votre Altesse Royale a seule l’avantage d’être à la Cour sans sortir de chez elle, et vous pouvez, en ôtant le plus bel ornement du Louvre, je veux dire en la privant de la présence de votre royale personne, vous pouvez seule en composer une tout entière au Luxembourg ou ailleurs où Votre Altesse Royale sera. — Vous voulez donc rire, monsieur de Lauzun, répondit Mademoiselle, et votre esprit toujours galant veut enfin me faire part de ses galanteries ? — Ah ! Mademoiselle, répartit M. de Lauzun, à Dieu ne plaise que je sorte jamais du respect que je dois à Votre Altesse Royale ! Je sais trop comme je dois parler à des personnes de votre rang pour manquer jamais à mon devoir. Et ce que je prends la liberté de vous dire n’est qu’un foible effet du zèle que j’ai eu toute ma vie, et que je sens augmenter à tous moments, pour le service de Votre Altesse Royale.

  1. C’est-à-dire vivre à l’écart, agir en son particulier.