Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/285

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prissent cette leçon pour elles, à l’imitation d’une si grande princesse.

N’avouerez-vous pas que voilà tous les soins et les peines de Mademoiselle et de M. de Lauzun bien mal récompensés, lorsqu’ils ne pouvoient désirer qu’un entier applaudissement de tout ce qu’ils avoient projeté ?

Peu de jours après, quoique ce mariage fût rompu, le bruit ne laissoit pas de courir parmi le peuple qu’il se renouoit. Il est vrai que les uns en parloient d’une façon et les autres d’une autre. L’on se fondoit sur la bonté que le Roi avoit pour M. de Lauzun, et que tout ce qui paroissoit au dehors n’étoit qu’une feinte que l’on croyoit que Sa Majesté faisoit pour ôter les discours que l’on auroit faits sur l’inégalité de Mademoiselle avec M. de Lauzun. Mais pour faire voir que le procédé du Roi n’étoit pas une feinte, mais une vérité, il en voulut donner des preuves écrites de sa propre main, non seulement aux personnes de la Cour, mais à tout le public [1], par la lettre que je rapporte ici, où il s’explique assez ouvertement :

LETTRE DU ROY.


Comme ce qui s’est passé depuis cinq ou six jours par un dessein que ma cousine de Montpensier avoit formé d’épouser te comte de Lauzun, l’un des capitaines des gardes de mon corps, fera sans doute grand

  1. « Les ministres conseillèrent au roi d’écrire une lettre à tous les ambassadeurs qu’il avoit dans les pays étrangers pour leur donner part, des raisons qu’il avoit eues de rompre mon affaire. » (Mém. de Mademoiselle, 6, 236.)