Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/286

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éclat partout, et que la conduite que j’y ai tenue pourroit être malignement interprétée, et blâmée par ceux qui n’en seroient pas bien informés ; j’ai cru en devoir instruire tous mes ministres qui me servent au dehors. Il y a environ dix ou douze jours que ma cousine, n’ayant pas encore la hardiesse de me parler elle-même d’une chose qu’elle connaissoit bien me devoir infiniment surprendre, m’écrivit une longue lettre [1] pour me déclarer la résolution qu’elle disoit avoir prise de ce mariage, me suppliant par toutes les raisons dont elle put s’aviser d’y vouloir donner mon consentement, me conjurant cependant, jusqu’à ce qu’il m’eût plu de l’agréer, d’avoir la bonté de ne lui en point parler quand je la rencontrerois chez la Reine. Ma réponse, par un billet que je lui écrivis, fut que je lui mandois d’y mieux penser, surtout de prendre garde de ne rien précipiter dans une affaire de cette nature, qui irrémédiablement pourroit être suivie de longs repentirs. Je me contentois de ne lui en point dire davantage, espérant de pouvoir mieux de vive voix, et, avec tant de considérations que j’avois à lui représenter, la ramener par douceur à changer de sentiments. Elle continua néanmoins, par de nouveaux billets et par toutes les autres voies qui lui pouvoient tomber en l’esprit, à me presser extrêmement de donner le consentement qu’elle me demandoit, comme là seule chose qui pouvoit, disoit-elle, faire tout le bonheur et le repos de sa vie, comme mon refus de le donner la rendroit la plus malheureuse qui fût sur la terre.

  1. On a remarqué sans doute qu’il n’est pas question, dans le cours de ce récit, de la lettre de mademoiselle de Montpensier au Roi. Beaucoup d’autres circonstances sont omises ; nos notes y ont suppléé pour la plupart.