Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/287

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Enfin, voyant, qu’elle avançoit trop peu à son gré dans sa poursuite, après avoir trouvé moyen d’intéresser dans sa pensée la principale noblesse de mon royaume, elle et le Comte de Lauzun me détachèrent quatre personnes de cette première noblesse, qui furent les ducs de Créqui et de Montauzier, le maréchal d’Albret et le marquis de Guitry, grand maître de ma garderobe [1], pour me venir représenter qu’après avoir consenti au mariage de ma cousine de Guise [2], non seulement sans y faire aucune difficulté, mais avec plaisir, si je résistois à celui-ci, que sa sœur souhaitoit si ardemment, je ferois connoître évidemment au monde que je mettois une très grande différence entre les cadets de maison souveraine et les officiers de ma couronne, ce que l’Espagne ne faisoit point, au contraire préféroit les grands à tous princes étrangers, et qu’il étoit impossible que cette différence ne mortifiât extrêmement toute la noblesse de mon royaume. Ils m’alléguèrent

  1. « Nous traitâmes à fond de tout ce que nous avions à faire, et prîmes la résolution que MM. les ducs de Créquy et de Montauzier, le maréchal d’Albret et M. de Guitry, iroient le lendemain trouver le Roi pour le supplier de ma part de trouver bon que j’achevasse mon affaire. Il se passa tant de circonstances, dans ces moments-là que je ne me souviens pas précisément de ce que ces messieurs étoient chargés de dire au Roi. Je sais pourtant que, lorsque là résolution de les faire parler fut prise, je dis à M. de Lauzun : « Pourquoi n’allons-nous pas nous-mêmes faire cette affaire ? » Il me dit qu’il étoit plus respectueux d’en user de cette sorte. » (Mém. de Montp., 6, 164.)
  2. Il s’agit du mariage de mademoiselle d’Alençon, sœur du second lit de mademoiselle de Montpensier, avec Louis-Joseph de Lorraine, duc de Guise, le 15 mai 1667. Mademoiselle avoit d’abord été assez opposée à cette alliance, qui devint ensuite pour elle un précédent sur lequel elle s’appuya pour déroger encore davantage.