Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Que leur âme en parut émue,
Et chacun s’en crut le vainqueur.
Tous deux lui touchèrent le cœur,
Pour tous deux elle eut l’âme atteinte,
Et ce ne fut pas sans contrainte
Qu’elle répondit à leurs vœux,
Les voulant conserver tous deux.
Pas un n’eut l’âme trop saisie
Des mouvements de jalousie.
Elle les ménagea si bien
Qu’ils ne se dirent jamais rien.
Jeannin la menoit en campagne
Dans une maison de cocagne
Que l’on appelle l’Amireau,
Non pas séjour de houbereau,
Mais une maison de délices,
Où Brancas offrit ses services
À cette jeune déité,
Qui n’eut point d’inhumanité
Pour un galant si plein de charmes :
Elle rendit bientôt les armes.
Après un mal assez amer,
Brancas revient pour prendre l’air
Dedans cette maison fameuse,
Mais maison pour lui bien heureuse,
Puisqu’en cet illustre séjour
Il prit et donna de l’amour ;
Souvent lui conta des fleurettes,
Et, dans ces douces amusettes,
Il lui récitoit quelques vers,
Qu’il pilloit des auteurs divers.
Un jour qu’il causoit avec elle,
Afin de lui prouver son zèle
Et tous les violents transports