Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/371

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Elle mit toute son étude
À corrompre monsieur Fouquet[1] ;
Déjà de plus d’un affiquet
Elle orne sa divine tresse,
Elle le flatte et le caresse ;
Mais lui, toujours comme un glaçon,
Ne mordoit point à l’hameçon.
Jamais on ne le sut surprendre.
Il avoit une amitié tendre
Pour son bonhomme de mari
Dont on ne l’a jamais guéri.
Tout ce que l’amour nous suggère
Près de lui ne servoit de guère ;
Malgré tous ses divins appas
Cet amant ne l’écouta pas.
Alors on voit qu’elle s’écrie :
« Voilà ma science finie
Sans que tu me sois converti,
Et j’en aurai le démenti !
Dussé-je mourir dans la peine,
Je veux que ton âme inhumaine,
Plus fière que dame à certon[2],
Chante dessus un autre ton. »
Alors, le prenant de furie
Dans cette grande galerie
Que nous prenons à Saint-Mandé[3],
L’œil en feu comme un possédé,

  1. Fouquet, surintendant des finances, étoit fort peu délicat cependant en matière d’amour.
  2. Peut-être faut-il lire : dame Alecton ? — La 1re édit., comme toutes les autres, donne : dame à certon. Mais ce texte de 1668 est si mauvais qu’on a dû presque toujours le modifier.
  3. La maison que Fouquet avoit bâtie à Saint-Mandé étoit le lieu ordinaire de ses rendez-vous d’amour. C’est là que