Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/462

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s’étant retiré chez lui, se fit donner de l’encre et du papier, et écrivit à la duchesse de La Ferté un billet dont voici la copie :

Billet de M. L’Avocat à la duchesse de La Ferté.

Je ne vous pouvois faire une plus grande réparation de ma faute que celle que je vous ai faite en sortant de votre chambre : Un gentilhomme, qui avoit avec une dame une pareille affaire que celle que j’ai avec vous, a été envoyé en prison, et je l’ai condamné, outre cela, à se rétracter de tout ce qu’il avoit dit, quoiqu’il n’eût peut-être dit que la vérité, comme je puis avoir fait. Si une semblable réparation vous peut satisfaire, ordonnez-moi seulement dans quelle prison vous voulez que j’aille, et j’y obéirai ponctuellement, ayant résolu d’être toute ma vie votre fidèle prisonnier d’amour.

La duchesse de La Ferté reconnut le caractère de L’Avocat à ce billet, qui étoit de dire des sottises lorsqu’il croyoit dire les plus belles choses du monde. Elle fut tentée mille fois de lui faire une réponse fort aigre ; mais jugeant que cela tiendroit plus du ressentiment que du mépris, elle demeura dans le silence. Cela affligea extrêmement L’Avocat, qui, outre le plaisir qu’il se faisoit d’être bien avec une duchesse, se voyoit privé par là d’aller dîner chez elle, ce qui lui étoit fort commode et ce qui lui arrivoit souvent, ne faisant point d’ordinaire [1] et la duchesse

  1. « On dit qu’un homme ne fait point d’ordinaire quand il