Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/66

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d’esprit, à qui il dit beaucoup de choses obligeantes, et fut toujours auprès d’elle ; soupira souvent et en fit assez pour faire dire dans le monde qu’il en étoit amoureux, et pour le persuader [1] à Madame sa mère, qui grondoit sa fille de ne pas répondre à la passion d’un si grand monarque. Toutes les amies de la Maréchale s’assemblèrent pour en conférer (et, après lui avoir bien dit que nous n’étions plus dans la sotte, simplicité de nos pères, où une simple galanterie passoit pour une injure et où une fille n’entendoit parler d’amour que le jour de ses noces ; aujourd’hui le monde est plus fin et plus raisonnable, et, par une heureuse vicissitude, l’amour et la galanterie se sont introduits partout [2]) ; enfin ils querellèrent à outrance cette aimable fille, qui, dans son cœur ayant une secrète attache pour le marquis de Richelieu [3],

    à la place de mademoiselle de La Porte. » Or, mademoiselle de La Porte épousa en 1657 (voy. Loret) le chevalier Garnier, et c’est par mademoiselle de la Mothe-Argencourt qu’elle fut remplacée. Au tome 5, p. 222-223, elle parle encore de mademoiselle de La Mothe-Houdancourt. Cette fois le nom est exact, et un trait que rapporte Mademoiselle nous paroît plutôt une boutade de petite fille qu’un acte de dépit d’une maîtresse jalouse : « Le bruit courut que le Roi alloit toujours à ses fenêtres pour parler à La Mothe et qu’il lui avoit porté un jour des pendants d’oreille de diamant, qu’elle les lui avoit jetes au nez, et lui avoit dit : « Je ne me soucie ni de vous, ni de vos pendants, puisque vous ne voulez pas quitter La Vallière. »

  1. Var. : À la maréchale de la Mothe, qui grondoit sa nièce de ne pas repondre à l’amitié d’un si grand monarque. » (Ms. de Conrart.)
  2. Manque dans la copie de Conrart.
  3. Armand Jean du Plessis, né en 1629, substitué au nom et aux armes de du Plessis par le cardinal de Richelieu, son