Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/107

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maisons, située à deux lieues de distance du nouvel appartement que prenoit sa maîtresse, laquelle fut assez bien reçue à son arrivée ; mais la suite n’y répondit pas. Elle avoit affaire à une dame que nous nommerons Olympe, pour ne pas découvrir sa famille[1]. Elle étoit impérieuse, et traitoit mal ses gens, quelque diligence qu’ils apportassent à faire leur devoir. Cette manière parut fort rude à notre Guillemette : elle sortoit de chez une personne qui l’avoit toujours traitée comme son enfant ; au lieu que là elle se voyoit comme dans un esclavage ; ce qui la dégoûta beaucoup, et servit à établir d’autant plus le marquis dans son cœur. Il étoit au désespoir, et il ne se passoit point de jours qu’il ne passât par-là à cheval ; mais jamais il ne put être aperçu d’elle ; à la fin il se servit d’une ruse qui lui réussit. Il gagna un paysan du village qui pourvoyoit le château de poisson, et lui fit promettre de remettre une lettre à Guillemette : il lui désigna sa taille et sa figure, afin qu’il ne fît point de bévue. L’autre le lui promit : en effet, il réussit, et lui donna la lettre. Elle fut d’abord un peu surprise de la manière avec laquelle elle la recevoit ; mais le paysan sut lui mettre l’esprit en repos, en l’assurant qu’il étoit tout dévoué à son service. Elle lui promit que le lendemain elle lui donneroit réponse. D’abord il en fut porter la nouvelle au marquis, qui l’attendoit avec impatience. Dans ce temps Guillemette ouvrit sa lettre, et y lut :

  1. Autre erreur de l’auteur. Cette nouvelle position de sa Guillemette est encore une calomnie.