Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/121

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Tant d’étroites liaisons,
Tant de douces pâmoisons,
Tant de baisers, tant d’injures,
Tant de friandes morsures,
Tant de plaisans déplaisirs,
Tant d’agréables plaisirs,
Tant de belles gayetés,
Tant de douces cruautés,
Tant de folâtres malices,
Tant de paillardes délices,
Tant de copieux combats,
Qu’entre tant de vifs trépas,
Et tant de douceur sucrée,
O nuit, nous t’avons passée !

Elle les trouva fort agréables, et eut de la joie de les lire ; elle l’en paya de la même monnoie qu’elle payoit tous les bienfaits qu’elle avoit reçus de lui ; et ainsi, selon toutes les apparences, ils passoient leur temps assez agréablement. Cela dura un petit espace de temps assez considérable, sans que ce cher couple songeât à autre chose. Le marquis fit un voyage en cour, après quoi il s’en revint plus amoureux qu’auparavant. Sur ces entrefaites, le juge d’un des principaux villages du marquis devint veuf. D’abord il songea à remplir cette place avec sa Guillemette. C’étoit un honnête homme, fort riche, et encore jeune ; mais la difficulté étoit de savoir si le juge voudroit bien prendre les restes de son seigneur. Il espéroit pourtant de le gagner. Il en communiqua pour cet effet avec Guillemette, et lui représenta que c’étoit un parti fort avantageux pour elle, que cela répareroit son honneur, et ne nuiroit en