Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/134

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car le sieur Scarron avoit tout sujet de se méfier de lui-même, connoissant son état et sa foiblesse[1]. Mais au lieu de trouver son bonheur et son repos dans le mariage, il y trouva tout le contraire ; et n’ayant pas rencontré dans sa nouvelle épouse la satisfaction et la pudeur qu’il s’attendoit, et qu’un mari souhaite en telle occasion,

    il écrit que Scarron vient de perdre un procès important contre la seconde femme de son père,

    Dont il se plaint mal à propos,
    Car enfin, ledit personnage
    Ayant contracté mariage
    Avec une epouze ou moitié
    Qu’il a prise par amitié,

    il doit plutôt se féliciter de voir finir, avec son procès, ses embarras. Scarron, qui n’étoit pas marié le 31 décembre 1651, est donc marié le 14 juin 1652. Mais depuis quand ? La Lettre du 9 novembre suivant nous l’apprend à peu près. Loret rappelle ce qu’il a dit dans ses lettres du 14 juin et du 5 octobre, et il ajoute :

    Or j’ay maintenant à vous dire
    Que cet autheur à faire rire,
    Nonobstant son corps maladif,
    Est devenu generatif ;
    Car un sien amy tient sans feinte
    Que sadite espouse est enceinte
    De trois ou quatre mois et plus ;
    Et puis, dites qu’il est perclus !

    Le fait rapporté par Loret étoit une grossière plaisanterie. Mais une grossesse de trois ou quatre mois supposoit bien alors que le mariage s’étoit fait vers le mois de juin, au temps même où Loret en a parlé pour la première fois.—Le P. Laguille s’est également trompé en donnant pour date 1649 ou 1650.

  1. Malgré le bruit qui courut et que nous avons rappelé dans la note précédente, madame Scarron ne fut jamais mariée que de nom. C’est ce qu’elle dit elle-même dans une lettre à son frère : « Vous savez bien que je n’ai jamais été mariée. »—« Elle est vefve sans avoir été femme », dit Somaize. (Dict. des Précieuses, t. 1, p. 221.)