Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/135

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il eut recours aux plaintes et aux reproches. Mais la nouvelle mariée, qui n’étoit pas sotte, se prévalant de la mauvaise constitution de son époux[1], le traita d’abord du haut en bas, et, bien loin de dénier la chose, elle ne se mit pas beaucoup en peine de l’événement, car elle lui dit d’un ton impérieux que ce n’étoit pas à une posture[2] comme la sienne de posséder tout entière une femme comme elle, et qu’il devoit encore être trop heureux de ce qu’elle le souffroit. Ce discours, qu’il n’attendoit pas, le réduisit au dernier des chagrins ; et comme cela lui pesoit extrêmement sur le cœur, il s’en voulut décharger entre les mains d’une de ses sœurs, ne croyant pas qu’il pût être mieux confié et qu’elle voulût elle-même publier l’infamie de sa famille. Mais il se trompoit beaucoup de faire fonds du secret sur un sexe autant fragile et inconstant que celui-là. Il le lui découvrit donc enfin, après lui avoir fortement exagéré la conséquence de la chose, et combien il leur importoit que la chose demeurât secrète. Elle ne manqua pas de lui promettre tout ce qu’il voulut, dans la démangeaison où elle étoit de savoir l’affaire,

  1. Var. : Après ces mots : « ils achevèrent leur mariage », et avant ceux-ci : « le traita d’abord du haut en bas », on trouve cette variante dans l’autre édition :

    « Mais il se trouva déçu, car ce qu’il avoit cru être son bonheur ne fut que le contraire : il trouva la brèche toute faite, et qu’un autre ou plusieurs avoient monté à l’assaut. Il s’en plaignit à elle, qui le traita d’abord du haut en bas… »

  2. On a, dans certaines éditions, remplacé par le mot figure le mot posture qui se trouve ici. Appliqué à Scarron, posture étoit bien le mot propre, dans le sens qu’il avoit alors. On connoît le ballet des Postures. On disoit : les postures de l’Arétin, etc.