Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/174

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obédiente[1], comme je crois que vous êtes, que pour une étrangère. — Puis, dit madame de Maintenon, que vous me croyez sage et obédiente, je vous dirai que le Père m’a défendu de lui parler jamais de ces sortes d’affaires. — Je comprends bien, dit madame de Montespan, par vos discours, que vous n’en voulez rien faire ; vous feriez mieux, continua-t-elle, de me parler catégoriquement, oui ou non.

— Je n’ai pas d’autre réponse à vous donner, lui dit madame de Maintenon, sinon que vous auriez pu vous éviter la peine que vous vous êtes donnée, en m’envoyant seulement faire ce message par l’une de vos domestiques.

— Vous m’en dites assez, dit madame de Montespan, pour me faire connoître que vous n’en voulez rien faire. Je n’ai pas jugé à propos, poursuivit-elle, d’envoyer personne de ma part, mais de venir moi-même pour avoir le plaisir de recevoir le refus de votre bouche propre, et de voir quelle mine vous tiendriez en le donnant à celle qui vous a commandé pendant plusieurs années.

— Il est vrai, lui dit madame de Maintenon, que j’ai été sous vous, je ne le nie pas, mais j’estime qu’il m’est plus glorieux d’avoir été ce que j’ai été, que d’être ce que vous êtes. » Ce discours piqua madame de Montespan au vif, qui ne put retenir son ressentiment et [s’empêcher] de la traiter de petite femme de Scarron.

  1. Obédiente, terme formé sur le mot obédience. On appeloit obédience, chez les jésuites, auxquels on suppose ici que madame de Maintenon étoit affiliée, les ordres émanés d’un supérieur, et même les permissions qu’il accordoit.