Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/182

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vous le Roi n’auroit jamais songé à fausser sa foi ni révoquer ses édits et ceux de ses ancêtres[1]. » Sur cette parole, madame de Maintenon crut qu’elle en avoit assez dit pour avoir prise sur elle. « Ha ! que dites-vous là, Madame ? je suis bien aise d’entendre de semblables discours de votre bouche. »

Madame de Montespan, qui comprit bien ce qu’elle vouloit faire, qui étoit sans doute d’en faire le rapport au Roi, lui répliqua : « Je ne vous dis pas que c’est moi qui le dis ; écoutez-moi bien, et ne faisons pas de qui pro quo d’apothicaire[2]. Je ne vous dis pas non plus que cela soit

  1. Voy. ci-dessus la note 127 de la page 157. Une Revue qui n’est pas suspecte d’être partiale en faveur de madame de Maintenon, le Bulletin de l’histoire du protestantisme françois, ôte à la marquise toute participation à la révocation de l’édit de Nantes et justifie presque Louis XIV lui-même. « Il est impossible, lit-on à la page 259 du Bulletin, 4e année, de chercher dans le fanatisme du Roi et de son entourage l’explication de l’acte de ce règne qui devoit avoir les plus longues et les plus déplorables conséquences. Madame de Maintenon n’y eut aucune part. C’est alors que le Roi n’a que vingt-quatre ans, en 1662, que commence la série des lois oppressives contre les protestants ; c’est en 1669, six ans avant que madame de Maintenon ait des relations suivies avec Louis XIV, qu’une loi dérisoire veut bien défendre qu’on enlève les enfants de la R. P. R., et qu’on les induise à faire aucune déclaration de changement de religion avant l’âge de quatorze ans accomplis pour les mâles, et de douze ans pour les femelles. » Tout ce que l’on peut reprocher à madame de Maintenon sur ce triste sujet, c’est d’avoir partagé l’erreur commune et d’avoir cru qu’une mesure de violence pouvoit être utile à la cause du christianisme. » (Ibid., p. 265-267.)
  2. Ce mot quiproquo s’est dit d’abord exclusivement des erreurs des apothicaires, puis de celles des notaires ; enfin ce mot est devenu un terme général qui s’applique à toutes sortes de méprises.