Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/200

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dévotion[1], et il prit ce temps-là pour envoyer à Monseigneur deux des principaux prélats de la Cour[2], pour l’exhorter à quitter la comtesse du Roure. Il est facile à juger comme ce message fut reçu de ce jeune prince, qui est passionné pour sa maîtresse ; néanmoins il eut assez de modération pour ne pas sortir du respect dû à leur caractère, tournant la chose en raillerie avec l’archevêque de Paris[3], qui étoit accusé, comme tout Paris sait, de la plus fine galanterie pendant sa jeunesse, et d’avoir un grand attachement pour madame la duchesse de Lesdiguières[4]. Mais Monseigneur reprenant son sérieux : « J’ai de la peine à croire, leur dit-il, que ce conseil que vous m’apportez vienne du Roi seul, car il est homme et susceptible d’amour comme les autres ; mais assurément ceci vient plutôt de madame de Maintenon, qui, après s’être bien divertie, et devenue vieille, ne peut pas souffrir que les autres se divertissent à leur tour. Elle s’ingère le plus souvent d’affaires où elle n’a rien à dire. Son plus

  1. Voy. Saint-Simon.
  2. Bossuet, évêque de Meaux, et M. de Harlay, archevêque de Paris.
  3. L’archevêque de Paris étoit François de Harlay-Champvalier, de l’Académie françoise, célèbre par sa beauté, son esprit et ses galanteries. Il encourut, sur la fin de sa vie, la disgrâce du Roi, auprès duquel le Père La Chaise le desservoit pour s’attribuer quelques-unes des prérogatives qu’exerçoit l’archevêque.
  4. Madame de Lesdiguières étoit Paule-Marguerite-Françoise de Gondi de Retz, mariée le 12 mars 1675 avec François-Emmanuel de Bonne de Créqui, duc de Lesdiguières. Restée veuve en 1691, elle mourut le 21 janvier 1716, à soixante et un ans.