Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/201

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grand plaisir seroit sans doute que je prisse une maîtresse de sa main à Saint-Cyr ; ce qui n’arrivera jamais, et j’aimerois mieux la voir crever que de lui donner cette satisfaction. Ainsi dites-lui qu’elle ne s’y attende pas ; et si le Roi veut prendre soin de ma conscience, pourquoi ne me donne-t-il pas une femme, ou de l’emploi pour pouvoir m’occuper ? Ses fils naturels en ont eu de fixes au sortir du ventre de leur mère[1], et moi l’on me fait courir comme un volontaire d’une armée à l’autre, sans avoir aucune autorité, ayant toujours été obligé de me conformer aux avis des généraux. J’ai souffert sans murmurer les mortifications que j’ai reçues en Flandres du duc de Luxembourg[2], qui s’excusoit continuellement de n’avoir pas ordre de la Cour de faire ce que je trouvois le plus utile pour le bien et l’avantage de la France[3]. Cependant, Messieurs, continua le Dauphin, je vous remercie de la peine que vous vous êtes donnée, et de votre

  1. En effet, le comte de Vermandois fut amiral de France ; le duc du Maine, grand maître de l’artillerie, lieutenant général des armées, colonel général des Suisses et Grisons et gouverneur du Languedoc ; le comte de Vesin, abbé de Saint-Denis et de Saint-Germain-des-Prés ; le comte de Toulouse, pair, amiral et grand veneur de France, gouverneur de Bretagne.
  2. François-Henri de Montmorency, duc de Luxembourg, pair et maréchal de France, fut en effet chargé, en 1690, du commandement en chef de l’armée de Flandre ; vainqueur à Fleurus des Espagnols, des Hollandois et de leurs alliés, commandés par le comte de Waldeck, il continua pendant quatre campagnes à remporter des victoires non moins glorieuses, et mourut le 4 janvier 1695, à Versailles, d’une pleurésie.
  3. Sur la position faite au dauphin par Louis XIV, voyez Saint-Simon.