Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/202

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charitable conseil, et vous pouvez rapporter au Roi que je lui suis fort obligé ; que d’abord que Sa Majesté m’aura fait donner de l’argent pour satisfaire à ce que je dois à madame la comtesse du Roure, j’y aviserai. » Ensuite ce prince les congédia fort civilement, et avec l’honneur dû à leur caractère. Mais ces remontrances hors de temps ne firent aucun effet sur son esprit ; au contraire, elles lui inspirèrent l’envie de s’en divertir avec la comtesse. Il ne douta pas qu’elle ne fût avertie de cette visite, mais il voulut bien la lui faire savoir lui-même, et lui envoya cette lettre par un valet affidé.

Mon Ange,


Vous serez sans doute un peu surprise en apprenant la visite que je viens de recevoir, sur votre sujet, de l’archevêque de Paris et de l’évêque de Meaux. Il seroit trop long de vous en marquer dans une lettre le détail ; mais nous nous en divertirons à notre première entrevue, qui sera, comme je l’espère, demain sans faute. Cependant, ma chère mignonne, divertissez-vous autant qu’il vous sera possible en mon absence. Soyez persuadée que rien ne sera capable de me détacher de votre aimable personne, et que toute la sévérité du Roi et les machinations de la Vieille[1] ne feront qu’augmenter l’amour que j’ai pour vous ; toute l’éloquence de nos faux dévots ne me fera, dis-je, jamais désister de la résolution que j’ai prise de vous aimer toute ma vie. Vous savez,

  1. Madame de Maintenon.