Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/210

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ne continuât son discours sur Choisi et dit qu’il seroit bien aise de s’y aller divertir quelquefois, et que, pour cet effet, Monseigneur prît le soin de lui faire meubler un appartement, ce qui fut fait le même jour avec des meubles que l’on prit à Marly. Ce n’étoit pas tant par la curiosité que le Roi avoit de voir Choisi que pour traverser les amours du Dauphin : car il étoit très bien informé que la comtesse du Roure s’y trouvoit souvent, et qu’elle ne le feroit plus qu’avec crainte lorsqu’elle sauroit que Sa Majesté auroit un appartement et qu’il pourroit venir quelquefois pendant qu’elle y seroit. Pour ce sujet, le Roi fit une partie avec les dames de la Cour. Monseigneur y reçut le Roi avec toute la magnificence qui lui fut possible, et le Roi voulut bien y prendre le divertissement de la chasse. Monseigneur n’oublia rien pour régaler les dames ; mais, celle qui possède son cœur n’y étant pas, ce n’étoit pas un grand divertissement pour lui. Pour surcroît de chagrin, c’est que, sur le départ du Roi, madame la princesse de Conti, la duchesse du Maine[1], les princesses de Lislebonne[2] et d’Epinoy[3], et plusieurs autres dames, prièrent Sa Majesté de

  1. Louise-Bénédictine de Bourbon, fille du prince de Condé, Henri-Jules, et d’Anne de Bavière. Elle épousa, le 19 mars 1692, Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine, fils naturel de Louis XIV.
  2. Anne, légitimée de Lorraine, fille de Charles IV, duc de Lorraine, et de madame de Cantecroix ; elle fut la seconde femme de François-Marie de Lorraine, comte de Lillebonne. De ce mariage naquirent plusieurs enfants, entre autres une fille qui, bru de madame d’Espinoi, dont il s’agit ici, porta le même nom après elle. (Voy. la note suivante.)
  3. V. ci-dessus, page 49.