Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vouloir leur accorder la permission de rester encore deux jours à Choisi. Le Roi, qui étoit bien aise d’en éloigner la comtesse du Roure, le leur permit fort agréablement, pourvu, ajouta ce monarque, que cela n’incommode pas Monseigneur ; à quoi le Dauphin ne répondit que par une profonde révérence. Ainsi il eut encore pendant deux jours les princesses pour hôtesses. D’autre côté, il est facile à juger dans quels chagrins étoit la comtesse du Roure de n’avoir pas pu voir de quatre à cinq jours son cher amant. Je crois qu’elle souhaitoit mille fois que la foudre tombât sur une partie de Choisi, pour les obliger à déloger promptement ; mais enfin toutes ses pensées et ses souhaits ne faisoient qu’augmenter son chagrin, car elle se figuroit à tout moment qu’on lui enlevoit son aimable Dauphin, et elle ne put se remettre de sa peur jusqu’à ce qu’elle en eût reçu une lettre, que Monseigneur ne manqua pas de lui écrire dès qu’il fut seul. Voici le contenu de son billet :


Ce n’est, mon cher cœur, que pour vous ôter de l’inquiétude où je m’imagine que vous êtes, que je vous écris ce petit billet, et pour vous assurer que je suis toujours le même. Soyez contente, mon âme, et aimez-moi toujours, si vous voulez me rendre heureux. Adieu, ma belle, jusques à demain.

Je ne vous ferai pas ici un détail de toutes les visites que ce prince fait à la comtesse, car il y en auroit pour remplir un gros volume, puisqu’il ne perd pas d’occasion de la voir et que toutes les