Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/212

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parties d’Opéra et de chasse qu’il fait ne sont que des prétextes pour se dérober de la Cour, et pour aller voir sa chère comtesse, laquelle sait si adroitement le tenir dans ses filets, que ce prince en est si charmé et si obsédé, que, sans la crainte qu’il a de déplaire au Roi, il ne bougeroit nuit et jour de sa ruelle. Mais quelque précaution que le Dauphin prenne, le Roi est averti de toutes les visites qu’il rend à sa belle ; car, quoique le Roi n’en dise rien, il ne laisse pas que d’être informé de tout ce qui se passe à la Cour, et principalement dans sa famille. L’on remarque que Sa Majesté, depuis un temps, entre dans une grande défiance, et que, pour se satisfaire, il s’informe de tout. Il a des espions partout, et sa curiosité va jusqu’à savoir tout ce qui se passe dans les parties de plaisir et dans les assemblées qui se font entre les jeunes princes et princesses, seigneurs et dames de la Cour, et même ce qui se passe hors de la Cour. Louis XI, sur la fin de ses jours, se retira dans un château[1] qu’il fit griller de fer de tous côtés, et fit venir d’Italie un religieux, François de Paule, surnommé le bonhomme, natif de Calabre, et qui, depuis sa mort, a été canonisé. Comme ce bonhomme avoit le bruit de vivre en odeur de sainteté, Louis XI fut bien aise de l’avoir près de sa personne pour le rassurer contre toutes les visions, les craintes et les frayeurs ; et en reconnoissance de ses consolations, le Roi lui permit de fonder en France divers couvents de Minimes, que l’on nomme encore les Bons-Hommes. L’on

  1. Le château du Plessis-lès-Tours.