Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/222

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qu’excepté leur ambition, qu’elles ne pourroient contenter, elles trouveroient peut-être mieux leur compte avec un autre, et qu’à bien examiner toutes choses, un roi valoit quelquefois moins sur l’article qu’une personne de la plus basse condition ; que, d’ailleurs, elles auroient le plaisir de changer, si elles ne se trouvoient pas bien, ce qui ne leur auroit pas été permis si leur destinée les eût appelées à l’amour de ce monarque.

Entre celles-là, il n’y en eut point qui en furent plus tôt consolées que la maréchale de la Ferté[1] et madame de Lionne[2]. Elles étoient déjà assez vieilles toutes deux pour renoncer aux vanités du monde ; mais comme il y en a que le péché n’abandonne point, elles voulurent, après avoir eu des pensées si relevées, faire voir qu’elles valoient encore quelque chose : ainsi, sans songer à ce qu’on en pourroit dire, elles se mirent sur les rangs, et il ne tint pas à elles qu’elles ne fissent des conquêtes.

De Fiesque[3] étoit amant aimé de madame de

  1. V. tome I, p. 5, et tome II, p. 403.
  2. Paule Payen, femme de Hugues de Lionne (voy. ce vol., p. 47), ministre d’État, lequel mourut le 1er septembre 1671. Madame de Lionne, née en 1630, s’étoit mariée à l’âge de quinze ans. Elle mourut fort âgée, en 1704.
  3. Le comte de Fiesque étoit fort jeune encore. Né en 1647, il avoit à peine vingt-trois au temps où se passe cette histoire. Il étoit fils de Charles-Léon, comte de Fiesque, et de madame de Fiesque, bien connue dans la société des précieuses sous le nom de la reine Gillette. Elle étoit Gilonne d’Harcourt, veuve du marquis de Piennes. La gêne où étoit le jeune comte Jean-Louis de Fiesque s’explique par le désordre où la négligence de ses parents avoit mis leur fortune. Louis XIV lui fit payer par les Génois une somme