Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/238

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affaire : il en est arrivé autant au comte de S. Pol[1] ; et, pour marque que je vous dis vrai, c’est que l’autre jour il demeura court, comme moi, auprès d’une belle fille. J’avois traité cela de bagatelle ; mais après l’avoir éprouvé moi-même, à mon grand regret, ce seroit une hérésie que de ne le pas croire. » Ces paroles consolèrent madame de Lionne ; elle avoit ouï parler de l’aventure du comte de S. Pol, et, en ayant demandé les particularités au duc de Sault, il lui dit ce qu’il en savoit. Cependant, pour lui donner encore plus d’impression de la vérité, il lui chanta un couplet de chanson qui avoit été fait sur cette aventure. C’étoit sur un air du ballet de Psyché[2]. En voici les paroles :

Qui l’eût cru qu’à vingt et deux ans,
Le plus vigoureux des amants
Fût tombé aux pieds d’une fille
Sans vigueur et sans mouvement ?
Foin du Polville,
Quand on a poudré son devant !

Elle lui laissa achever ce couplet sans l’interrompre, car elle vouloit entendre tout au long l’effet, non pas de cette admirable poudre, mais de cette poudre qu’elle jugeoit bien plus digne du feu que les ouvrages de Petit, qui avoient été condamnés,

    d’avril. Au-dessus de lui étoit un barbier ordinaire aux gages de 800 livres : c’étoit Prud’homme.

  1. Sur le comte de Saint-Paul, voy. II, 197, 402, 403.
  2. Le ballet de Psyché, paroles de Benserade, fut dansé par le Roi en 1656. Une autre pièce de Psyché, paroles de Quinault, de Molière et de Corneille, fut jouée aux Tuileries, dans la salle des machines, pendant le carnaval de 1670.