Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/252

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sa sœur[1]. Cela donna lieu à un de la compagnie de faire cette chanson, qu’il chanta à l’heure même, sur l’air d’un Noël :

Laissez baiser vos filles,
Illustre maison de Grancey,
Laissez baiser vos filles,
Leur cœur est bien placé ;
Leur bonheur n’eut jamais d’égal,
C’est lui qui fait par leur canal
Couler chez vous le sang royal.
Ces deux beautés si tendres
Pouvoient-elles, dans leur saison,
Vous procurer deux gendres
De meilleure maison[2] ?

Le maréchal étoit tellement en pointe, qu’il voulut apprendre la chanson, et la chanta avec les autres. Ils firent chorus longtemps sur le même air, après quoi chacun prit le parti de s’en retourner chez soi. Le duc de Sault, sans se souvenir de ce qu’il avoit promis à La Vienne,

  1. La comtesse de Maré étoit Marie-Louise Rouxel de Grancey, mariée le 11 novembre 1665 à Joseph Rouxel, fils de Guillaume Rouxel, lequel étoit frère du maréchal. A l’époque où nous sommes arrivés, madame de Maré étoit veuve depuis 1668, année où son mari fut tué, à Candie. Après la mort de sa mère, madame de Maré fut gouvernante de mademoiselle d’Orléans, depuis duchesse de Lorraine, puis des princesses filles de Philippe, duc d’Orléans, régent.
  2. Cette chanson se trouve partout. C’est une longue suite de couplets où paroît à plusieurs reprises madame de Maré, et, à côté d’elle, madame de Grignan, madame d’Alluye, madame de Fiesque, madame de Lamothe, madame de Belin, etc., etc. On attribue à cette pièce la date de 1670.