Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/269

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Je ne vous le puis dire, Madame, lui répondit l’évêque, si ce n’est que votre mari est jaloux. Il ne spécifie rien cependant de particulier, et tout ce que je puis comprendre, c’est que vous avez quelqu’un qui vous veut du mal et qui vous a desservie auprès de lui. Mais n’appréhendez rien, il se repose maintenant sur tout ce que je lui dirai de votre conduite, et je me suis chargé de vous éclairer de si près, que rien n’échappera à ma pénétration. » Là-dessus il lui fit le détail de tout ce qui s’étoit passé dans l’assemblée, à la réserve néanmoins de ce qu’avoit dit le bonhomme le maréchal ; car il vouloit que ce fût à lui seul qu’elle eût de l’obligation de l’avoir tirée d’affaire.

La marquise fut ravie qu’on n’eût rien découvert de son intrigue ; c’est pourquoi, se tenant bien forte : « Je suis bien malheureuse, Monsieur, dit-elle, de me voir accusée injustement, et, quoique je ne veuille pas nier que je ne vous sois obligée, vous me permettrez néanmoins de vous dire que vous effacez bientôt cette obligation par votre procédé. Vous devriez vous ressouvenir de votre caractère et de ce que je dois à mon mari. Mais je vois bien ce que c’est : les contes qu’on a faits de moi vous ont donné cette audace, et j’aurois encore lieu de vous estimer, si vous n’aviez cru qu’ayant déjà quelque penchant au crime, j’aurois moins d’horreur pour celui que vous me proposez. — Je ne vous propose rien de criminel, répondit aussitôt l’évêque, et vous avez tort de m’en accuser. — Mais que demandez-vous donc ? lui dit madame de Cœuvres. — Que vous souffriez seulement que