Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/271

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découvrir de quelques jours ; et, quoique le duc de Sault vînt à toute heure dans la maison, comme on le croyoit bien avec madame de Lionne, et qu’il la demandoit le plus souvent, il prit si bien le change, que ce fut celui qu’il soupçonna le moins. Cependant, comme il est difficile de tromper longtemps un amant, l’évêque s’imagina bientôt que madame de Lionne ne servoit que de prétexte, et que la marquise recevoit les offrandes. Le duc de Sault, qui n’avoit pas encore trouvé moyen de se raccommoder avec elle, en cherchoit toutes les occasions. C’étoit pour cela qu’il venoit si souvent voir la mère, et comme il connoissoit le caractère de son esprit, et les nécessités de son tempérament : « Madame, lui dit-il dès la première fois qu’il la revit, voici un criminel qui se vient justifier devant vous, et, quoique j’aye à mon tour à vous accuser, comme c’est moi qui ai fait la première faute, il est bien juste que je calme votre ressentiment pour rendre le mien légitime. — De quoi vous plaignez-vous ? Monsieur, lui répondit-elle ; est-ce de m’avoir trouvée avec monsieur de Fiesque ? Quel intérêt y prenez-vous, et, après ce que j’ai vu, voulez-vous encore vous moquer de moi ? » Le duc de Sault, croyant qu’elle vouloit lui reprocher son impuissance : « Je n’ai rien à dire, Madame, lui dit-il, et je vous ai déjà avoué que j’étois le plus criminel de tous les hommes. Mais à tout péché miséricorde, et me voici tout prêt à réparer ma faute. » A ces mots il se mit en état de faire ce qu’il disoit ; mais, quoique madame de Lionne n’eût jamais refusé personne