Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/272

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sur l’article, elle lui dit d’un air méprisant qu’il se méprenoit et qu’elle n’étoit pas madame de Cœuvres. « Que voulez-vous dire, Madame, répondit le duc de Saux en s’arrêtant, et pourquoi citer ici une femme qui ne songe pas à nous et à qui nous ne devrions pas songer aussi ? — Me prenez-vous pour une bête, lui dit madame de Lionne, et ne la vis-je pas entrer moi-même l’autre jour avec vous, quoique le carrosse fût masqué aussi bien que vos laquais ? Ne la suivis-je pas jusqu’à la porte des Tuileries, et cela m’empêcha-t-il de démêler toute l’intrigue ? — Vous l’avez vue, Madame ? lui dit le duc de Saux d’un air résolu. — Oui, Monsieur, répondit madame de Lionne d’un même air, et de mes propres yeux. — Eh bien ! Madame, lui dit-il d’un grand sérieux en lui tendant la main, frappez là : nous n’avons rien à nous reprocher l’un et l’autre, et j’ai vu aussi bien que vous des choses dont il n’est pas besoin de rappeler la mémoire. Ne vous souvenez plus de l’aventure du carrosse, j’oublierai celle du cabinet. Qu’en dites-vous, et n’est-ce pas là se mettre à la raison ? »

Cet entretien parut trop cavalier à la dame pour lui accorder aucune faveur, et, continuant de se picoter l’un l’autre, ils se séparèrent si chagrins, qu’ils crurent tous deux n’avoir jamais rien à se demander. Le duc de Sault, s’en étant retourné chez lui, n’y fut pas un quart d’heure, qu’il reçut ce billet de la marquise de Cœuvres.