Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/348

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non seulement de l’épouser, mais encore d’avoir de la reconnoissance pour le comte d’Olonne. Par ce moyen, ce comte parvint à ce qu’il désiroit, et qui plus est, avant que de signer une donation qu’elle faisoit à son frère de tout son bien en faveur de ce mariage, il voulut qu’elle lui accordât ce qu’elle lui avoit promis : ce qui fut fait en tout bien et en tout honneur.

Voilà comment le comte d’Olonne, ayant peur qu’il ne cessât d’y avoir des cocus dans sa race, y donna ordre lui-même. Cependant, cette dame, après avoir si bien commencé dans le chemin de la vertu, s’y perfectionnoit tous les jours de toutes façons, de sorte que pour le jeu et pour la galanterie elle ne le cédoit à personne, quoiqu’elle eût été élevée sous l’aile d’une mère qui lui avoit donné d’autres leçons[1]. Le comte d’Olonne, qui avoit eu affaire de sa femme pour ce mariage, s’étoit raccommodé avec elle et avec toute sa famille, et cela avoit été cause que la marquise de Royan avoit fait une coterie si particulière avec la maréchale de La Ferté, qu’on ne les voyoit plus l’une sans l’autre. Du Pré, dont j’ai parlé ci-dessus, leur voyant à toutes deux de si bonnes inclinations, leur servit de pédagogue pour leur apprendre à filer les cartes et tous les autres tours de souplesse, dans lesquels il étoit extrêmement savant. Cependant ce métier-là n’étant pas le meilleur du

  1. La mère de madame de Royan étoit Renée-Julie Aubery, à qui les chansons n’ont guère reproché que d’avoir désiré l’honneur du tabouret chez la Reine, c’est-à-dire le titre de duchesse. Elle mourut en 1679, quatre ans après le mariage de sa fille. (Cf. Dictionnaire des Précieuses, t. 2, p. 139.)