Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/349

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monde, parce qu’il y a trop de gens qui s’en mêlent et que chacun commence à s’en défier, la maréchale, qui n’avoit plus personne qui l’empêchât de voir sa sœur, se servit de l’occasion qu’elle en avoit pour tâcher de lui dérober Fervaques.

Il est impossible de dire tout ce qu’elle fit pour cela ; non pas, comme il est à croire, qu’elle eût envie de sa personne, car elle n’est pas trop ragoûtante, mais pour avoir part à sa fortune. En effet, il lui faisoit mal au cœur de voir que sa sœur, qui étoit plus âgée qu’elle de plusieurs années, et qui n’avoit pas meilleure réputation, eût une bourse comme la sienne à son commandement, pendant qu’elle manquoit de toutes choses : car il faut savoir que Fervaques, par un excès de passion, ou pour mieux dire de folie, lui avoit fait plusieurs présents considérables, et entre autres d’une belle maison qu’il avoit dans la rue Coq-Héron. On eut peine à croire qu’il eût été assez fou pour cela, quoique le bruit en courût par tout Paris ; mais la comtesse d’Olonne se faisant honneur de ce présent, qui étoit cependant une marque de la continuation de sa bonne vie, elle ne voulut pas que personne en doutât davantage. C’est pourquoi, la maison étant à louer, elle fit mettre à l’écriteau que c’étoit à elle qu’on devoit venir pour convenir du prix.

La chose étant rapportée à madame de Bonnelle, qui ne l’aimoit déjà pas trop, elle envoya en plein jour arracher cet écriteau ; mais la comtesse d’Olonne en fit remettre un autre, et voilà tout le bruit qu’elle en fit. Elle n’en usa pas si modérément avec sa sœur, qui, comme j’ai dit,