Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/376

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lui ayant demandé quinze jours pour s’y résoudre, il employa ce temps-là à voir ses amis, qui étoient revenus de leur exil.

Il se plaignit à eux de la dureté de son père, qui le contraignoit de faire une chose si éloignée de son inclination. Il leur demanda s’il ne perdroit point par là leur amitié ; mais l’ayant assuré que non, pourvu qu’il en usât si sobrement avec son épouse qu’ils n’en fussent pas tout à fait oubliés, cette réponse le satisfit tellement qu’il s’en fut trouver à l’heure même M. de Roquelaure, à qui il dit qu’il pouvoit parler d’affaires quand il voudroit, et qu’il étoit tout disposé à lui obéir. M. de Roquelaure, ayant le consentement de son fils, fut trouver M. le chancelier[1], grand-père de mademoiselle d’Aumont, à qui il proposa le mariage. M. le chancelier (dont la coutume étoit de recevoir favorablement tout le monde) n’eut garde de se démentir en cette occasion, quoique dans le fond la proposition ne lui plût pas. Mais comme il étoit sûr que les obstacles qui se rencontreroient dans la suite fourniroient assez de matière pour ne pas passer plus avant, il embrassa M. de Roquelaure, lui dit qu’il seroit au comble de la joie si, ayant toujours été amis, leur union devenoit encore plus étroite par l’alliance de leurs maisons ; et, après lui avoir fait mille autres compliments de cette nature, il lui dit qu’il n’avoit qu’à en parler au duc d’Aumont, lequel seroit aussi sensible que lui à l’honneur qu’il leur faisoit.

  1. Le chancelier Le Tellier, père du marquis de Louvois et de la première femme du duc d’Aumont.