Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/380

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De même la duchesse de la Ferté, qui se peut dire folle à l’excès, auroit peut-être aussi déplu au comte de Roussi, dont l’inclination est portée à la sagesse, quoiqu’on lui ait vu faire le fou quelquefois comme les autres.

Ces trois dames sont filles de la maréchale de la Mothe[1], gouvernante des enfants de France. Leur père[2] n’étoit qu’un simple gentilhomme de Picardie ; mais, s’étant élevé par son mérite à la plus haute qualité où l’on puisse monter, les ducs d’Aumont, de Vantadour et de la Ferté n’ont pas dédaigné d’épouser ses filles, et elles sont toutes trois duchesses, quoiqu’elles n’aient pas eu grand’chose en mariage. Leur mère, qui est demeurée veuve à un âge peu avancé[3] et qui a été belle femme, a fait tout son possible pour les élever dans la vertu, sachant bien que quelque soin qu’on puisse prendre, le vice ne se glisse que trop facilement dans l’esprit. Mais elles sont venues dans un siècle trop corrompu pour profiter

  1. Louise de Prie, duchesse de Cardonne, gouvernante du dauphin. Elle étoit veuve alors du maréchal de la Mothe et recevoit de la cour une pension de 3,600 livres. Fille puînée et héritière de Louis de Prie, marquis de Toussy, et de Françoise de Saint-Gelais-Lusignan, elle avoit été, avant son mariage, fille d’honneur de la Reine. Voy. ci-dessus, t. 2, p. 422.
  2. La famille du maréchal de la Mothe fut en effet fort peu illustre avant lui, fort peu illustre après lui.
  3. Louise de Prie épousa, le 21 novembre 1650, le maréchal de la Mothe. Née en 1614, elle avoit alors trente-six ans, soit quarante-trois en 1657, date de la mort de son mari.