Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/439

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taille à un certain endroit de leur corps ; que pour lui la nature lui avoit été assez ingrate pour ne pas avoir sujet de s’en louer ; qu’une des plus belles qualités étoit de se connoître, et que, grâce à Dieu, celle-là ne lui manquoit pas.

Biran et Roussi trouvèrent qu’il avoit raison en beaucoup de choses, et peu s’en fallut qu’il ne les dégoûtât de leurs maîtresses. Cependant, comme elles récompensoient ces défauts par quelque chose d’assez engageant, ils ne voulurent pas tout à fait se régler sur lui. On demanda à Roussi en quels termes il en étoit avec la sienne, à quoi il répondit qu’il étoit assez malheureux pour en être mal traité. Le chevalier de Tilladet s’écria, là-dessus, que cela étoit impossible, qu’elle étoit de trop bonne race, et qu’il leur vouloit donner le change. En effet, la dame n’étoit pas si cruelle qu’il le vouloit faire accroire, et, quoiqu’il n’en eût pas encore tiré les dernières faveurs, elle lui avoit fait comprendre qu’il ne tenoit pas à elle, et qu’elle ne manqueroit pas dès qu’elle le pourroit.

Cette dame, qui étoit de belle taille, au corps de fer près, qu’elle portoit comme ses deux sœurs, et dont le visage étoit d’ailleurs extrêmement agréable, avoit un mari le plus contrefait de tous les hommes. Esope, qu’on nous représente comme un magot, étoit un ange auprès de lui ; car il étoit de la taille d’un nain, avoit le nez et les lèvres horribles, et, pour achever de le peindre, il lui sortoit de l’un une écume perpétuelle, pendant qu’il couloit de l’autre une matière dont on reprend souvent les petits enfants. Si l’on examine le reste, c’est encore pis, si cela peut se