Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/445

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feroit la même chose s’il pouvoit devenir veuf. Sur ce pied-là, c’étoit quelque chose à voir que sa maison : rien n’y manquoit, que d’avoir des officiers par quartier[1] ; et, hors de cela, l’on y faisoit tout aussi bonne chère qu’on pouvoit faire chez le Roi.

Quoi qu’il en soit, cette affaire s’étant terminée de la sorte, Tallard prit la place du duc d’Enghien, ce qui fit perdre espérance au chevalier de Tilladet de le posséder entièrement. La duchesse de La Ferté, qui savoit que c’étoit là la raison pour laquelle il n’en usoit pas avec elle comme elle l’y croyoit obligé, fut ravie de cet obstacle ; et, comme elle étoit plus emportée que sa sœur de Vantadour, elle lui continua ses faveurs, quoiqu’elle eût autant de lieu qu’elle de les lui refuser. En effet, elle s’étoit brouillée avec son mari, qui étoit un bon ivrogne, et qui, sans prendre garde qu’il ne pouvoit rien dire contre elle qui ne rejaillît sur lui, étoit le premier à en faire des médisances.

Tilladet, faute de mieux, entretint cette intrigue pendant quelque temps, et, le hasard ayant

    reine d’Espagne. Elle mourut en 1711 (26 novembre), à l’âge de cinquante-huit ans, sans avoir été mariée. Toute la famille de Grancey avoit une grande influence chez le duc d’Orléans, et l’illusion que se faisoit le maréchal avoit bien son excuse. Ainsi Hardouin de Grancey, docteur de Sorbonne, abbé de Rebec, de Beaugency, de Reuilly et de Saint-Benoît sur Loire, fut premier aumônier de Monsieur ; et la comtesse de Maré fut, après la mort de sa mère, gouvernante de Mademoiselle, depuis duchesse de Lorraine, et des princesses filles du duc d’Orléans.

  1. Les charges étoient très multipliées chez le Roi et chez le duc d’Orléans, et nombre d’officiers y servoient par quartier, c’est-à-dire par trimestre.