Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/470

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perdu pour elle, et qu’il se méconnoîtroit bien s’il demeuroit court dans l’affaire dont il s’agissoit. En effet, il se sentit bientôt une nouvelle vigueur, et, se mettant à la caresser, il fut fort surpris de voir qu’elle tâchoit de se dérober de dessous lui. Il crut d’abord que c’étoit des façons ; mais, les efforts qu’elle faisoit continuellement ne le tenant pas incertain davantage de la vérité, il ne voulut pas faire davantage le coup de poing avec elle, et lui demanda froidement d’où venoit tant de changement ? « Comment ! lui dit-elle tout en colère, vraiment vous m’alliez faire de belles affaires ! j’allois commettre un inceste, si je n’y eusse fait réflexion : vous êtes parent de mon mari, et il auroit fallu que j’eusse été à Rome. »

Il fut impossible à l’archevêque de s’empêcher de rire à ce discours. Il lui dit cependant qu’elle étoit bien simple de dire ce qu’elle disoit ; qu’il n’étoit nullement parent du duc d’Aumont, et qu’une marque de cela, c’est que, si lui, qui parloit, étoit à marier, et que le duc eût une sœur, rien ne l’empêcheroit de l’épouser. La duchesse n’avoit pas la conception prompte en matière de cas de conscience ; ainsi il lui fallut expliquer celui-là plus au long, et c’étoit quelque chose sans doute de plaisant de voir qu’une femme qui venoit de faire un adultère voulût faire la scrupuleuse. Aussi tout cela n’étoit que pure grimace ; mais comme, depuis qu’elle étoit dévote, elle s’étoit accoutumée à en faire beaucoup, elle ne prit pas garde qu’il y avoit des rencontres où elles n’étoient nullement de saison.

L’archevêque appréhendoit après cela qu’elle ne lui fît